Mon avis sur "OSS 117 - Alerte rouge en Afrique noire"
Publié le mercredi 4 août 2021 dans la catégorie DiversDans cet article, je vais être très dur, car je suis aussi très déçu, le dernier OSS 117 n'étant qu'une pâle copie de ce qui a déjà pu être fait.
Du déjà vu, littéralement
Nicolas Bedos n'essaye pas de faire un nouvel OSS 117 : il reprend ce qui a marché dans les deux premières moutures pour les adapter dans un nouveau volet, de la même manière qu'un tailleur ajusterait un costume trop grand, ou troué. Sauf que le costume d'OSS 117 n'est pas trop grand. Il ne faut pas le reprendre ; il faut être capable de créer le gilet qui ira avec le pantalon et la veste déjà commercialisés.
Quand on retrouve des blagues déjà servies dans "Le Caire, nid d'espions" et "Rio ne répond plus" dés les premières minutes, on espère que c'est juste un clin d'œil. Au bout de 30 minutes de film, il est clair qu'on va perdre du temps à regarder cette tentative de comédie.
La scène des femmes avec qui il a couché, copie de "et elle gueule mon vieux, on dirait une poissonnière de Ménilmontant". L'extirpation d'une maison "quoi, qu'est-ce que j'ai dit" est une copie conforme du Caire. "Ce sera l'occasion de mettre mon costume colonial" qui est une pâle copie de "Ce sera l'occasion de mettre mon costume en alpaga".
Autour d'Hubert Bonisseur de La Bath
La frustration arrive rapidement quand on se rend compte qu'aucun personnage ne donne la réplique à Jean Dujardin, qui se retrouve seul à devoir porter le film. Pas de Larmina El Akmar Betouche pour l'envoyer dans les cordes sur les grandeurs de la civilisation arabe, ou de Dolorès Koulechov pour le traiter ouvertement d'antisémite.
Aucun des personnages secondaires n'est travaillé pour contre-balancer la bêtise d'OSS 117. Donc on se retrouve juste avec de la bêtise d'un côté, pas d'intelligence de l'autre. Du coup, on ne peut pas trop mettre de bêtise, sinon ça fait trop d'un coup…
Jean Dujardin n'a pas la latitude d'exprimer le personnage d'Hubert Bonisseur de La Bath, avec ses mimiques, ses attitudes qu'on aime tant. Il tente, essaye, mais sans retour, sans échange, ça ne marche pas. Paradoxalement, ce film qui n'en finit jamais ne lui laisse pas le temps d'évoluer.
Pour les fans de Kaamelott, vous retrouverez un personnage mythique de la série. Légitimement, on s'attend à ce qu'il joue un rôle, une blague, une chute, quelque chose… mais non. C'est un simple figurant, au même titre que le porteur de bagages de l'hôtel.
L'humour d'OSS 117
Si j'aime autant OSS 117, c'est pour la capacité qu'a eu Michel Hazanavicius (le réalisateur des deux premiers) à graviter autour de silences, de non-dits. Il permet à Jean Dujardin de jouer sur du non-verbal, avec son visage excessivement expressif, en créant des malaises qu'il n'y a pas besoin d'expliquer.
Le même jeu d'acteur se retrouve dans "Le retour du héros", avec la même recette : un personnage en décalage, un personnage secondaire qui lui rentre un peu dedans, des étincelles de comédie.
L'humour du Caire au sujet de musulmans, de Rio au sujet des juifs est souvent construit autour d'une scène de décalage entre les croyances d'un français et ce qui se déroule littéralement sous ses yeux. La recette semble simple, mais l'exécution est difficile. Nicolas Bedos nous prouve qu'on peut aisément se prendre les pieds dans le tapis.
On est en 2021 et les spectateurs ne doivent pas réfléchir. Tout est au premier degré. L'humour ne gravite qu'autour de la couleur de peau noire. C'est nul, lourd, malaisant : du racisme gratuit, avec personne pour donner la réplique intelligente qui serait un rappel à l'ordre.
Michel Hazanavicius disait dans une interview qu'il abordait le racisme dans les OSS 117 avec subtilité, pour justement avoir un acteur qui se pose en défenseur et qui ramène le spectateur du bon côté. Là, on doit encore supporter un "regardez cette peau" tout en fascination à 15 minutes de la fin.
Ce film est tellement lisse qu'aucune réplique caractéristique ne s'en dégage, en dehors de celles présentes dans la bande annonce. Car oui, toutes les "bonnes répliques" du film (à l'exception d'une ou deux) sont dans la bande annonce. On en est là.
Conclusion
Si vous voulez comprendre le génie de Michel Hazanavicius, allez voir le dernier OSS et préparez-vous à être déçu. Sinon, restez chez vous et couchez-vous de bonne heure. Ça ne vaut pas la peine de perdre des heures de sommeil pour… ça.
Appeler James Bond pour sauver le film
Rester chez soi en lisant un des romans OSS117