LaPhotoDesZéros - Le RAW, Késako ?
Publié le mardi 5 février 2013 dans la catégorie DiversDans le vocabulaire gastronomique, "Raw" en anglais veut dire "cru". En photo, ce terme n'a pas tout à fait la même signification, puisque c'est un format, qu'on va voir aujourd'hui.
Le RAW, pour faire simple, est un format de prise de vue numérique non compressé. Le RAW en soi n'est pas un format standard, c'est un format-valise, qui comprend tous les formats non compressés des différents constructeurs de boîtiers. Ce que je vais tenter de vous expliquer aujourd'hui, c'est son fonctionnement. Voici comment :
- Caractéristiques du RAW
- Traitement informatique
- Quand choisir entre JPEG et RAW ?
- Conclusion
Caractéristiques
On y était presque, "raw" en anglais, est un terme générique pour dire que quelque chose est brut. Pour le différencier du mot, on a mis le format en majuscules. Du coup, le RAW se veut être un format d'images brutes, n'ayant subi que très peu ou pas de traitement à la prise de vue. Vous récupérez donc à l'écran quasiment le copier-coller de ce que prend le capteur.
Il existe près de 200 variantes de RAW selon les constructeurs, qui compressent selon les réglages établis par lesdits constructeurs. Voyons les formats chez les principaux constructeurs :
- Canon : cr2 ou crw
- Nikon : nef ou nrw
- Olympus : orf
- Sony : arw
- Pentax : ptx, pef
Sachez qu'un bon logiciel de retouche photo aura tous les plug-ins nécessaires au décodage de ces formats. Sur Mac, Aperture (69,99€ sur le Mac App Store) et Lightroom (134€ PC ou Mac) les liront sans problème si vous n'avez pas assez d'argent pour Photoshop. Pour nos lecteurs sur Windows, le RAW est intégré depuis Vista, mais je ne connais pas bien les logiciels de photo. Sur Linux, a priori et sauf erreur de ma part, c'est plus compliqué…
Il faut savoir que le RAW en lui-même prend des informations de luminance (en deux mots : des valeurs de contraste), donc il est inutilisable tout seul, d'où la conversion des boîtiers en fonction de leur format propriétaire. C'est pour ça que vous avez quand même une micro perte d'informations, mais rien de comparable à la conversion RAW-JPEG ou FLAC-MP3 en équivalent en musique, par exemple.
La question que je me suis souvent posée jusqu'à l'écriture de cet article et donc la lecture d'articles à ce sujet, c'était : que se passe-t-il quand on prend une photo en RAW, concrètement ?
J'ai désormais la réponse : le RAW, donc, est la copie conforme de l'information que reçoit votre capteur, sans modification de balance des blancs, de saturation, de contraste ou de luminosité. Dans la pratique, vous pouvez prendre une photo avec certains réglages à la prise de vue, du type balance des blancs automatique, augmentation du contraste, de la saturation etc. Lorsque vous ramènerez le RAW sur votre ordinateur, il se peut que la photo paraisse parfois plus "fade" justement parce qu'aucun réglage n'a affecté la qualité de celle-ci. Elle est "crue". Mais rien d'insurmontable vu la quantité de réglages qu'on peut appliquer à l'image.
Traitement informatique
Deuxième question : quels sont les éléments qu'une image en RAW transporte avec elle, au fin fond de son code numérique ? Voici les principaux :
- Un fichier indiquant les bits et l'identification de la photo
- Les métadonnées, à savoir la taille du capteur et le profil de couleur utilisé
- Les données EXIF, c'est-à-dire toutes les petites infos comme l'ouverture, la vitesse d'obturation, les donnes GPS quand il y en a etc.
- Parfois une copie JPEG si on en demande une pour un affichage plus rapide
- Une vignette de la photo (normal) qui sert à l'aperçu
Vous l'aurez compris, le gros avantage du RAW, c'est son aspect brut de décoffrage qui fait que l'on peut jouer sur bien plus de réglages précis que sur du JPEG. On peut par exemple bien mieux gérer le bruit numérique (souvent moche sur une photo, bien que parfois un bel effet artistique), la balance des blancs, la luminosité ou l'exposition. Concernant la luminosité, sachez également qu'au lieu d'être codée sur 8 bits comme le JPEG, elle est codée sur 12 ou 14 bits, donc vous avez de quoi faire quelque chose de plus précis et nuancé, donc joli. Encore une fois, tout dépend de l'effet que vous recherchez !
Quand et comment choisir entre JPEG et RAW ?
Pour cette question, j'ai préféré laisser la parole à des photographes amateurs et avertis pour qu'ils nous livrent quelques secrets. J'ai donc procédé à un appel à volontaires sur Facebook et Twitter et j'ai eu 10 réponses d'amis et de followers. Comme certaines réponses se sont recroisées, je me suis permis de faire un résumé de tout ça. Voici le résultat (cliquez sur les prénoms pour avoir accès au portfolio de chacun) :
- RAW uniquement : Thomas, Louis, Charlotte, Simon, Vincent
- RAW + JPEG : Florian (parfois), Laurent
- Soit RAW soit JPEG selon le contexte : Larry, Hugo, ADC
Thomas
Il n’utilise jamais le JPEG (sauf s’il n’a pas assez de place sur sa carte ou si le boîtier n’a pas de RAW). Pour lui, « utiliser le JPEG sur un appareil qui propose du RAW est comme avoir une Ferrari et rouler à 50km/h, ça fonctionne mais c'est ne pas utiliser la bête à 100%. »
Il ne travaille qu’en RAW pour la richesse des réglages possibles (exposition, saturation, contraste) sur Aperture. Il n’utilise pas le RAW+JPEG pour ne pas avoir de doublons et à cause du manque de place.
Il ne travaille presque jamais en JPEG, car bosser en RAW lui permet de préparer une atmosphère à l’avance et de la corriger si le boîtier ne réagit pas comme il le souhaite. En JPEG, c’est difficilement récupérable.
Il shoote plutôt en argentique, mais en RAW sur reflex numérique. Il utilise le JPEG lorsqu’il est sur un compact pour des photos de vacances par exemple, quand il sait qu’il n’aura pas beaucoup de retouches à faire. Il utilise le RAW pour arriver au Noir et Blanc qu’il aime car il a plus de contrôle sur la profondeur des noirs et il contrôle ses degrés d’ombre et de lumière. Il regarde le moins possible son écran LCD (pas si fidèle, parfois) car il sait qu’il pourra le rattraper plus tard si besoin.
Charlotte
La seule fille qui a répondu ! Girl power, youhouuu !! …Bref : elle n’utilise que le RAW sous Aperture qui le gère très bien sans ralentissement. Elle est sur un boîtier Nikon, dont le RAW gère mieux les basses lumières. Elle convertit ses photos en JPEG pour l’envoi à des journaux avec les retouches faites sur le RAW.
Il utilise le RAW parfois doublé de JPEG pour la rapidité d’affichage lorsqu’il est en déplacement. Il préfère le RAW pour la plus grande gamme de retouches possibles.
ADC
Il préfère la plus grande dynamique disponible sur les réglages RAW et l’utilise pour les événements (mariages, anniversaires…) les shootings organisés ou les choses réfléchies (un rendu précis pour un ciel, par exemple), il préfère le JPEG pour les choses spontanées.
Il préfère le RAW pour pouvoir exploiter pleinement les photos et son boîtier. Il réalise de grands tirages, donc il a besoin d’une bonne définition. Si le but de sa photo n’est pas "artistique", il les convertit directement en JPEG sur son boîtier, un Pentax K-r.
Il préfère le RAW pour pouvoir notamment rattraper les tons trop sombres ou trop clairs. Il utilise Lightroom pour le traitement de ses photos et économiser de la place sur sa carte mémoire.
Laurent (dans son portfolio, la plupart des photos sont en JPEG et non traitées)
Il préfère le RAW pour ses possibilités de réglage de la température de couleur (c’est-à-dire la balance des blancs) et de netteté. Le seul hic pour lui, c’est le temps de traitement et le poids de stockage sur la carte mémoire. Il prend toujours ses photos en JPEG avec un double en RAW depuis qu’il a le 5D Mark III. Avant, il n’utilisait quasiment que du JPEG sans RAW. Selon lui, la difficulté c’est d’avoir le logiciel qu’il faut pour décoder le RAW. Il utilise le logiciel livré par Canon qui n’est pas génial à son goût. Dans son travail de journaliste, la prise de vue doit être réussie du premier coup. Il utilise donc souvent le JPEG de base et le RAW en cas de lumière difficile ou quand le JPEG est raté car il lui permet de rattraper des erreurs.
Conclusion
Le RAW est un format sans compression qui permet de nombreux réglages bien plus précis que sur du JPEG, donc vos photos gagneront en qualité et en précision. Il faut tout de même compter sur un temps de traitement parfois long en fonction de votre ordinateur, mais également sur des photos plutôt lourdes sur une carte mémoire. Les photographes interrogés sont plutôt nombreux à utiliser le RAW pour les projets professionnels ou réfléchis, avec une portée artistique derrière, et le JPEG pour les choses du quotidien, car nécessitant moins de retouches. Vous pouvez constater les différences entre RAW et JPEG sur la photo juste au-dessus de l'article gentiment prise par Lokan (toujours une occasion de faire le pitre !), notamment au niveau du bleu de son t-shirt et de la luminosité sur son visage.
À vous maintenant de me dire quel usage vous en faites !
Commentaires
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