FireWire : Retour sur une technologie révolutionnaire des années 2000

C’est un câble oublié, mais qui a marqué les créatifs des années 2000 par sa puissance et sa simplicité d’utilisation. Avant le Thunderbolt ou l’USB-C, juste avant l’USB 3, c’était le FireWire qui nous faisait rêver.

Pourquoi la connectique FireWire ?

Bon d’accord, j’en fais peut-être un peu trop, mais il faut nous planter le décor ! On est dans les années 2000, l’iPhone n’existe pas, YouTube encore moins, mais on commence à avoir des appareils numériques, des caméras qui filment en HD. Ce n’est pas si courant que ça, mais ça arrive.

Fun fact, c’est d’ailleurs pour ça que mon slogan au début du site était “Le plaisir de partager en HD” : très peu de créateurs de contenu proposaient des vidéos en 1080p. C’était 480p voire 720p pour les mecs un peu fous. Pour comparer avec aujourd’hui, c’est la même guerre entre 1080p en standard, 4K quand c’est classe, et 8K pour les bourrins.

Mais on s’éloigne.

Comme très souvent, c’est Apple qui pousse à l’apparition d’un nouveau standard pour répondre aux besoins de vitesse de transfert de fichiers vidéos toujours plus lourds. Ce standard, ce sera le FireWire : les premiers Mac à être équipé d’un port FireWire sont l’iMac G3 et le PowerMac G3. On est 1999.

De son côté, Intel appuie pour un nouveau standard : l’USB, qui ne répondra pas au besoin de transferts de fichiers avant sa troisième génération. Mais pour mieux comprendre, il faut que je vous parle un peu dirty : soyons techniques deux minutes.

La technologie derrière le FireWire

FireWire, qui répond au doux nom de “IEEE 1394”, utilise un multiplexage temporel. Ça veut dire que le temps est découpé en tranches de 125 microsecondes (8 000 cycles par seconde) et que les données, elles, sont découpées en paquets.

Dans chaque tranche, on transmet d’abord les paquets isochrones (son, vidéo…) puis les paquets asynchrones (données informatiques). Ce système garantit la bande passante pour les flux audio et vidéo, évitant ainsi des effets de saccades et autres pertes de qualité. Ça veut tout simplement dire que vous pouvez lire du contenu qui est sur votre caméscope, sans avoir à le copier.

Les flux isochrones sont identifiés par un canal (63 canaux maximum), et doivent tous avoir un paquet par tranche. C’est la métaphore du train : on ne rajoute pas des wagons pour des passages si les wagons précédents sont vides. Une fois que les paquets isochrones sont émis, le reste du cycle est utilisé pour les paquets asynchrones identifiés non pas par un canal, mais par l'identifiant du périphérique émetteur et l'identifiant du périphérique destinataire.

On est en 2000, et ça veut simplement dire que l’on peut chaîner des équipements entre eux : un disque dur, branché à un autre disque dur, branché à votre Mac. FireWire permet de transférer des données du Mac au deuxième disque dur, sans risque de perte. C’est grâce au FireWire qu’on peut faire la même chose avec du Thunderbolt aujourd’hui.

Le Target Mode Disk utilisait la connectique FireWire

La vraie grosse différence à l’époque, c’est qu’on peut transférer des fichiers rapidement, à la limite des débits théoriques de la norme, sans fatiguer la machine, chose qu’il est impossible de réaliser avec l’USB 2. Un transfert de données consomme beaucoup de CPU et les débits varient beaucoup au cours du transfert, comme sur Windows il y a quelque temps.

Les débits et connecteurs du FireWire

Il existait réellement deux types de FireWire, démocratisés et disponibles sur le marché français sans trop de problèmes : le FW 400 et le FW 800.

Comme son nom l’indique, le FW 400 permet des débits théoriques de 400 Mbps, en opposition avec les débits théoriques de l’USB 2.0 qui sont de 480 Mbps. La théorie, c’est bien mignon, mais dans la pratique, le FW 400 était TOUJOURS plus rapide que de l’USB 2.0, SAUF si vous n’aviez qu’un seul gros fichier à transférer.

Le FW 800, vous l’aurez deviné, proposait des débits de 800 Mbits et était reconnaissable grâce à un connecteur assez carré. Le FW 1200 et FW 1600 (et d’autres) ont été officialisés, mais ne se sont jamais démocratisés, l’USB 3 prenant rapidement des parts de marché et proposant des débits théoriques de 5 Gbps.

La connectique des professionnels

Dans les années 2000, le FireWire était tellement lié aux professionnels, notamment pour sa fiabilité et ses capacités de chaînage de disques, qu’Apple s’est fait lyncher quand elle a sorti un MacBook Pro 13” sans port FireWire 800 (et sans slot SD).

Le FireWire 800 était la différence entre un MacBook et un MacBook Pro

Le modèle est resté trois mois au catalogue, le temps de travailler sur une nouvelle carte mère et pouvoir proposer un modèle doté d’un port FireWire 800. Ça a été un passage éclair et à ce jour, je n’ai pas vu de remise en question aussi rapide de la part de Cupertino.

Détail intéressant, c’est aussi grâce au FireWire que le Target Mode a pu faire son arrivée sur Mac et permettre de transférer ses données et réglages d’un ancien Mac à un nouveau.

Conclusion

Nous sommes en 2023 et le FireWire reste ma connectique préférée, pour tout ce qu’elle représente. Cette période des années 2000 est remplie de nostalgie en ce qui me concerne, car c’étaient mes tout premiers instants avec une pomme (je prépare d’ailleurs une vidéo sur ce sujet).

Le FireWire est ce qui m’a permis de transférer des téra-octets de fichiers vidéos et de faire ce que je fais aujourd’hui : produire du contenu. Avant l’achat de mon premier Mac, je ne faisais pas de photos, pas de vidéos. Tout ce que vous voyez, c’est donc un peu grâce au FireWire.